Truite: Stratégies de début de saison

Bien démarrer sa saison de pêche au fouet n'est pas toujours chose facile....

En Mars, il faut se poser les bonnes questions si l'on veut avoir l'opportunité de piquer nos premières farios. Nous allons voir ici quels sont les éléments importants à prendre en compte :

Le choix des secteurs de pêche:

   Si les rivières de Mars sont hautes, avec des eaux froides et teintées (comme cette année 2024 en Normandie et en Bretagne), le plus judicieux est souvent d'orienter ses recherches plutôt vers l'amont des cours d'eau principaux, ainsi que vers les petits affluents, et ce pour plusieurs raisons:

- les têtes de bassin seront les secteurs où les conditions se révéleront les plus favorables à la pratique du fouet : débits raisonnables, eaux relativement claires.

- vous aurez la possibilité de croiser quelques belles truites restées sur place après le frai hivernal.

- ces secteurs en partie amont, souvent de dimensions réduites et aux berges encombrées, sont souvent délaissés par les moucheurs, et offrent donc la possibilité de tenter des poissons rarement sollicités à la mouche.

   En ce qui concerne la répartition des poissons dans la rivière, il faudra garder à l'esprit que les truites ne sont pas encore au meilleur de leur forme suite à la reproduction, et que les eaux sont encore bien froides. En conséquence, les poissons se localiseront (généralement) sur les postes les moins demandeurs en énergie:

- zones calmes, un peu profondes, avec un courant modéré ou nul.

- zones de bordures, à l'écart des courants puissants.

- zones où le courant est atténué par des obstacles ( gros blocs, branchages,...).

   Les secteurs de radiers et courants rapides seront rarement occupés à cette saison, sauf conditions d'ensoleillement favorable durant les heures les plus chaudes de la journée ( créneau horaire 11h00-15h00).

Le choix des techniques de pêche:

   Mis à part certaines régions privilégiées où quelques éclosions de March brown ou d'olives permettent de pratiquer en sèche dès l'ouverture, il sera préférable de se tourner vers la pêche sous l'eau pour réussir en début de saison.

   Personnellement, mes pêches de prédilection en Mars sont la Nymphe au fil (NAF) et le Streamer au fil (SAF). Ces deux techniques ont l'avantage de pouvoir se pratiquer avec le même matériel. En conséquence, au bord de l'eau, un simple changement de mouche permet de passer d'une technique à l'autre.

   Attention, pêcher profond ne veut pas dire racler les cailloux avec votre nymphe de pointe. Le contact trop fréquent avec le substrat n'aura que des désavantages en action de pêche: difficulté d'analyser les arrêts trop fréquents de votre indicateur coloré (truite ou caillou ?...) et risques accrus d'accrochage...

   Le plus efficace, selon moi, est d'essayer de faire naviguer votre nymphe légèrement décollée (10 à 20 cm) du fond, ce qui augmentera la propreté de vos dérives et améliorera la qualité visuelle des touches, avec une réaction franche de l'indicateur lorsque la truite bascule vers le fond après avoir intercepté la nymphe passant légèrement au dessus d'elle.

Le passage de la nymphe au streamer se fera dans les cas suivants:

- Absence de touches sur les nymphes.

- Beau poisson raté en nymphe. (ne pas hésiter à refaire une dérive au streamer)

- Présence d'un poste très marqué, susceptible d'abriter une grosse truite.

- Eaux teintées. (le streamer sera plus visible qu'une nymphe)

   D'une manière générale, le streamer se révèle souvent efficace en début de saison, et permet de solliciter les beaux poissons en leur présentant une bouchée volumineuse. C'est souvent cette technique qui me rapporte les premières grosses truites en Mars.

Le choix des modèles:

-Les nymphes:

   En début de saison, j'ai plutôt tendance à utiliser des nymphes relativement volumineuses, montées avec un abdomen en dubbing ébouriffé. Elles présentent plusieurs avantages en eaux froides:

- proposer aux truites une bouchée importante en volume, souvent bien acceptée en début de saison.

- favoriser les dérives ralenties, du fait de la texture du corps de la nymphe qui freine l'évolution de l'imitation sous l'eau. La nage de ces nymphes poilues correspond bien au comportement alimentaire des truites de Mars et aux types de postes explorés, au courant modéré.

   Mon modèle de base est donc ma nymphe "furry", déclinée en plusieurs coloris, et montée généralement en taille 14.

   Concernant le poids des nymphes, il sera à adapter en permanence selon la configuration du poste pêché. Il ne faut pas croire que la nymphe en Mars se résume à l'utilisation de nymphes lourdes ( billes tungstène 3.5 mm et + ). Certains postes comme les bordures peu profondes peuvent être très bons en début de saison, et se pêchent très bien avec des billes légères ( 2,5 mm ).

-Les streamers:

   Pour pratiquer au fil, je n'utilise qu'un seul modèle de streamer de ma fabrication, le sparklou, décliné en deux coloris.

   C'est un modèle hybride, très mobile (marabou) et très flashy (krystal flash), qui me donne d'excellents résultats en Mars (et plus tard en saison aussi...).

   Monté sur hameçon jig avec une bille tungstène, il s'utilise comme une nymphe sous un indicateur bicolore, en dérive inerte (très efficace) avec parfois quelques animations de la pointe du scion. Attention, les truites le coffrent souvent avec une certaine brutalité !....

Le choix du matériel: